Il est temps de rejoindre les Territoires du Nord, le fameux outback australien, les routes de terre rouge, les crocos, la chaleur, oui bon en fait on prévoit juste de passer de Cairns à Darwin, en passant par Seven Emu Station, une cattle station (un ranch en français dans le texte) où nous nous arrêterons pour du wwoofing….ça paraît simple, easy, tout droit ou presque….
Notre ami google map nous dit 29h de route pour rejoindre Seven Emu ( oui c’est là https://sevenemustation.com.au) …heu bon ok….donc regardons mieux par où on va passer histoire d‘avoir de l’eau, de l’essence et l’équipement nécessaire pour ces quelques jours d‘aventures.
Fiona, notre vanillière préférée, nous offre des oreillers, des assiettes, une poële, et une suggestion : faire un petit détour (on n’est plus à qq centaines de kilomètres près – et env 6h selon google map) pour visiter Boodjamulla National Park.
Comme on a pris l’habitude de suivre les idées des gens que l’on aime bien, hop on prévoit le détour et départ. On utilise l’application Wiki Camp pour trouver des endroits pour dormir; à choix, des free camps perdus au milieu de nulle part avec ou sans WC, avec ou sans eau ou des campings payant avec douche, électricité et parfois même un bar….
Quelques règles de base quand on roule dans l’outback Australien….repérer la prochaine station essence et faire le plein dès que possible (et avoir un jerrican avec soi pour parer à un oubli éventuel de remplissage…), avoir un jerrican d‘eau potable en cas de panne mécanique en plein soleil (par exemple) et surtout, surtout faire gaffe aux animaux en tout genre qui peuvent à tout instant avoir des envies suicidaires….bon les plus dangereux sont les kangourous déjà morts au bord de la route car des gros oiseaux viennent se sustenter et ont tendance à oublier de se barrer quand une voiture arrive….(suite à une violente rencontre entre un gros charognard et notre capot… nous avons appris à désormais klaxonner en phase d‘approche d‘un kangourou mort avec des oiseaux autour….). Ah et ne pas oublier de repérer la vache ou le veau qui ont soudainement envie de traverser, pis aussi de freiner et klaxonner quand on voit un truc sauter au bord de la route (en général un wallabie vivant).
Autre règle importante….les road trains sont prioritaires sur tout. Les road trains? Des énormes camions, des monstres en puissance qui traverse le pays en tirant 2, 3 voire 4 remorques (du bétail, du pétrole, et plus encore).
A savoir que certaines parties de ces grandes routes sont goudronnées, et que certaines parties sont juste des pistes de terre (même si on parle d‘autoroute) et parfois les routes ont 2 voies (une pour chaque sens…logique non ? ) et parfois pas…Donc faut imaginer une route à une voie goudronnée, entourée de bord de route en terre rouge de chaque côté….que tu roules à 100km/h sur ta route goudronnée, …et un gros camion arrive… il faut :
enlever l’air conditionné et passer en mode air interne; freiner; se déporter complètement sur la partie en terre; serrer les fesses ( on ne sait jamais); attendre le croisement puis respirer; desserrer fesses et mâchoire et….reprendre la route.
On s’est fait quelques frayeurs mais finalement on s‘habitue. (outre ces camions, il faut imaginer que tous les autres véhicules croisés sont des gros 4×4, des camping-cars, des 4×4 avec caravane, on est vraiment toutes petites avec notre Toyota RAV4 )
2 nuits en free camp, on dort dans la voiture et on installe la tente à côté pour y déposer nos affaires. Cuisine sur réchaud et feux de bois….un peu en mode cow girls, sans cow.
Puis arrivée à Adel’s Grove, Boodjamulla National Park. Wouaou c’est beau. On y reste 2 nuits (toujours en campant dans notre voiture) afin d‘avoir le temps de faire du canoë dans les nénuphars, d’aller voir un coucher de soleil grandiose, de se rafraichir vite fait dans la rivière mais un
peu la trouille car il pourrait y avoir des crocos, de marcher par 40 degrés le long de la rivière et de monter tout là-haut pour avoir un point de vue majestueux ! et de profiter un peu du bar du camping….
On y apprend d’ailleurs que la piste qui rejoint la route du Nord est ouverte, et serait praticable avec notre petit 4×4. Comme on aime l’aventure (et que cela devrait nous raccourcir de 11h le trajet), hop on y va…piste réservée aux 4×4, ouverte que quelques mois par an car inondée le reste du temps….c’est pas ça qui va arrêter les chouchouz.
Donc go ! enfin heu on va faire plusieurs go, car dès le début on se trompe de route et on se retrouve au bord d’un cimetière de vaches (c’est comme un cimetière d‘éléphants mais avec des vaches…et des cochons sauvages qui mangent les restes….oui, beurk…). Finalement, on comprend qu’il faut ouvrir un portail pour suivre cette fameuse piste….on passe un premier portail, un 2eme, et on arrive devant une rivière….évidemment personne devant, personne derrière…est-ce bien là ? est-ce que la voiture passe ? On jette un caillou pour estimer la profondeur de l’eau…oui…une technique très scientifique….bon ben ok…on y va…on serre les fesses (toujours utile) on se met en apnée…et…ça passe….plus que 6h de route comme ça….pour aujourd’hui !
On vous passe les détails des paysages grandioses, des autres passages d‘eau, de sable, la chaleur, les pauses pipi au milieu de la route ( car y a des bêtes bizarres alentours) ….On avance et on prévoit un arrêt dans un road house – un relais routier avec essence, petit shop, espace de camping, pub, posé au milieu de rien mais où tout le monde s’arrête pour la nuit car juste pas possible de conduire de nuit (sauf les road trains…et encore) trop d‘animaux sur les routes.
Cela devient notre routine, le temps de rejoindre Seven Emu station, un ranch aborigène perdu au milieu de rien. Nous y arrivons avec un pneu crevé….il restait 20km de piste quand nous avons remarqué ce léger soucis….on a continué , on est arrivées…et là commence une nouvelle aventure….
Les photos parlent d‘elles-même….
on pensait rester une semaine….on est parties le 3eme jour…pas facile de communiquer avec un bushman aborigène…(Frank se décrit lui-même ainsi….), il vit très souvent seul, aime bien avoir de la compagnie mais après 3 phrases, il est au max de sa communication. Belle rencontre néanmoins et je garde en mémoire le réveil ….quand en tournant la tête je vois un émeu qui m’observe….rare situ
ation…
Frank nous a aussi fait du pain maison, dans les cendres….amazing!
On repart donc sur la route, arrêt à Booroolola, petite ville de l’outback, où nous assistons à un festival de danse aborigène. Etonnant ….
Autre découverte, les lois concernant la vente d‘alcool: (loi différente dans les territoires du nord que dans le reste de l’Australie) vente interdite certains jours, quantité limitée par jour par personne, et il faut une carte d‘identité qui est chaque fois scannée et passée dans une base de données (une liste des personnes interdites d‘achat d‘alcool….).
L’Australie c’est aussi ça….le peuple aborigène, la colonisation, la culpabilisation, le déplacement des clans, l’alcoolisation, le rejet de l’indigène, le retour en force de l’indigène, le racisme, l’incompréhension, les traditions des uns et des autres….une thématique bien complexe.
Encore 3 jours de route, avec un arrêt dans des sources d‘eau chaude et un plongeon dans des chutes d‘eau…vraiment étonnant à qq kilomètres des pistes d‘outback avec des paysages arides…et soudain, de l’eau. Et des moments magiques, perdues au milieu de la forêt, en free camp, la nature et nous (et les moustiques…).
Arrivée à Darwin, arrêt au pub pour une bière fraiche et un repas citadin! C’est top aussi !!
Ah oui au final, Cairn-Darwin, 2’800km soit l’équivalent de Genève-Moscou…juste pour avoir une échelle de visualisation des distances australiennes….
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